Témoignages
TEMOIGNAGE DE L'AUTEUR
A l'heure où j'écris ces lignes, je suis Témoins de Jéhovah baptisé depuis quelques 25 ans. A ma naissance, mes parents étaient eux-mêmes des Témoins assidus depuis leur adolescence. J'ai aujourd'hui quarante ans et du plus loin que je me souvienne, les activités relatives au culte de Jéhovah ont bercé mon enfance. J'étais un enfant sage et discipliné et, ma mère m'ayant appris à lire de bonne heure, je ne tardais pas à présenter des allocutions devant des auditoires de Témoins.
A l'école je me sentais différent de mes camarades, et je ne comprenais pas pourquoi les vérités bibliques qu'on m'avait enseignées et qui me paraissaient si évidentes n'étaient pas connues de toutes les personnes que je côtoyais. A l'adolescence je remarquais que certains enfants de Témoins avaient une conduite équivoque, voire une double vie. Je ne pouvais m'empêcher de constater que le comportement de certaines filles était visiblement meilleur que celui parfois déluré de certaines de mes "amies" Témoins. Astreint à la nécessité de toujours me montrer différent de peur de déplaire à Jéhovah, je m'enfonçais peu à peu dans une dépression silencieuse. Je ne pouvais trouver aucun confident qui soit à même de m'aider, pas même auprès de mes parents qui souffraient déjà eux-mêmes passablement de leur profonde incompréhension mutuelle. Ce fut une période de tourments intenses où je suppliais Dieu de m'aider à comprendre ces cruelles contradictions par rapport à sa justice et à son amour tels que je les percevais à travers mon éducation religieuse. Tous mes camarades devraient-ils vraiment périr de la main divine à "Har-maguédon" simplement parce qu'ils n'avaient pas grandi comme moi, en tant Témoin de Jéhovah ? J'étais si désorienté par cette perspective que j'implorai Dieu plusieurs fois d'abréger ma vie. La grande sensibilité de mon adolescence ne m'a jamais vraiment quitté et ce n'est pas sans émotion que je relate ces souvenirs ineffaçables.
Le temps passant, il m'était extrêmement difficile de trouver des jeunes de mon âge avec qui échanger sur les choses spirituelles. Je pensais que c'était dû à un manque de confiance personnelle, mais plus tard je compris que nous n'avions tout simplement pas les mêmes centres d'intérêt : les derniers films au cinéma, les musiques branchées, les belles mécaniques, les matches de foot, le volley à la plage, les soirée festives surpeuplées, tout ça ne remplissait pas ma vie, contrairement aux autres apparemment. En revanche, on me fit souvent le compliment que je savais écouter attentivement, sans jugement. C'est ainsi que parfois des Témoins, généralement plus âgés, me confiaient de terribles secrets ayant affecté leur vie. Ma sensibilité me semblait par contre être un obstacle de taille vis-à-vis des filles témoins célibataires qu'il m'a été donné de rencontrer, car je ne discernais que trop rarement chez elles cet "esprit calme et doux" dont Pierre fait l'éloge à propos de la femme chrétienne (1 Pierre 3:1-6). Cette réalité de la vie faisait d'ailleurs souvent l'objet de conversations avec quelques uns de mes amis célibataires, de rares amis intimes qui semblaient affligés d'une aussi grande sensibilité que la mienne.
Parallèlement je m'intéressai de près à la psychologie telle qu'on peut la trouver dans des ouvrages destinés au grand public, particulièrement dans les domaines des relations humaines et sentimentales. J'étais très surpris d'y trouver une analyse riche, pertinente et passionnante, qui allait bien plus loin que les informations très rudimentaires que j'avais glanées dans les livres édités par la Watchtower, tels que "Comment s'assurer une vie de famille heureuse", "Les jeunes s'interrogent" et "La clé du bonheur familial". Paradoxalement, et bien qu'elle fasse un usage précautionneux de citations de psychologues dans sa littérature, la Watchtower n'encourage pas les Témoins à être au contact de tout ce qui s'apparente au "développement personnel" (cf Tour de Garde 01/06/2000 p. 30, 01/06/2009 p. 3). Certaines pratiques inhérentes à la psychologie, comme l'hypnose thérapeutique et la kynésiologie sont également perçues défavorablement car associées au spiritisme.
Avec l'arrivée d'internet dans les années 90, je découvris un moyen pratique "d'élargir le cercle de mes amis", comme le préconisait le RV! du 8 mai 1977 (Article "Comment trouver un bon conjoint"). Visiblement le problème pour trouver un conjoint coreligionnaire n'était pas spécifique à la région où je vivais mais concernait, et concerne aujourd'hui encore, des milliers de Témoins dans le monde. Je fis la découverte de plusieurs "sites de rencontres" internationaux dédiés à notre communauté et qui furent créés à l'initiative personnelle de Témoins américains conscients de ce problème, sites recevant des centaines de témoignages de reconnaissance de la part de couples heureux formés par leur entremise. Cependant, ces initiatives personnelles furent rapidement décriées par le moyen de discours donnés à l'occasion d'assemblées puis dans les pages des publications (RV! 22 avril et 22 mai 2005), qui s'accordaient à ne mettre en exergue que les aspects dangereux des relations nouées sur internet et à faire de leur fréquentation une question de soumission à l'organisation et de valeur spirituelle.
C'est dans ces circonstances que je fis la connaissance de ma femme, vivant à mille cinq cent kilomètres. Notre relation a d'ailleurs failli tourner court lorsque j'ai lu ces articles culpabilisants. Je désirais sincèrement obéir à ce qui me semblait être la volonté de Jéhovah, mais dans le même temps je percevais cela comme autant de restrictions supplémentaires qui rendaient la recherche d'un conjoint encore plus difficile. D'autant que j'appliquais consciencieusement les conseils d'un article antérieur (RV! 22/01/1999 p.13) intitulé "Comment faire pour fréquenter à distance", conseils qui me paraissaient somme toute plus équilibrés et favorisant autrement plus la réflexion personnelle que ne le pourrait jamais faire une censure manichéenne. Heureusement le phénomène des relations amoureuses sur internet faisait aussi l'objet d'articles profanes approfondis (cf "l'amour virtuel existe-t-il vraiment?" reproduit ici) qui ne se contentaient pas d'en exposer les difficultés particulières : connaître le grand amour à l'autre bout du monde était une entreprise possible, avec un minimum de prudence et de discernement !
Il n'empêche que même après notre mariage, un sentiment de culpabilité a pesé longtemps sur ma conscience vis-à-vis de notre Dieu, parce que j'avais passé outre les recommandations de "son organisation". Pourtant mon désir profond était de respecter la consigne de l'organisation : épouser seulement un Témoin tout comme moi (d'après la compréhension qu'elle donne du texte de 1 Corinthiens 7:39). Récemment, ma femme me dit que malgré tout c'est grâce à l'organisation que nous avons pu nous connaître… "En réalité, lui dis-je en riant, nous nous sommes connus MALGRE l'organisation, car si nous avions suivi aveuglément ses directives, nous aurions tout bonnement renoncé à nous fréquenter !", ce dont elle convint effectivement. De fait, même quelques Témoins de ma famille qui avaient pu voir au départ d'un mauvais œil notre rencontre "sur internet" ont constaté et approuvé notre bonheur.
Les parents de ma femme ne sont pas Témoins, mais ils ont le cœur sur la main, ils sont droits, sensibles et pleins d'égards, des gens à qui "il ne manque que la Vérité" comme on l'entend dire souvent. Ma femme par bonheur a hérité de leurs qualités conjuguées. Grâce à elle, notre mariage est un refuge de paix et de tendresse comme je l'imaginais encore adolescent. Elle est devenue Témoin baptisé à l'âge de 18 ans et moi à 16 ans. Avais-je pour ma part compris pleinement la portée de cet engagement à ce moment là ? J'étais convaincu de vouer ma vie au vrai Dieu, et même si certains enseignements de notre organisation me paraissaient parfois un peu déroutants, je me répétais souvent : "même si tout n'est peut-être pas forcément comme on nous le dit, l'amour fraternel qui existe chez nous est à lui seul le gage que Jéhovah nous approuve en tant que son peuple. C'est une chance extraordinaire". Et puis, si nous étions dans l'erreur, les plus intellectuels d'entre nous auraient tôt fait de la dévoiler (ce qui, je le réalisai plus tard, est finalement impossible puisqu'on les bannirait aussitôt de l'organisation avec l'ordre de ne même pas les saluer).
Quant à ma femme qui croyait en Dieu depuis son jeune âge, elle a été touchée par l'espérance de la résurrection et la perspective du paradis. Elle s'est appliquée ensuite à suivre très scrupuleusement tous les conseils de l'Organisation : préparation de toutes les réunions, prédication tous les week-ends, lecture de la Bible tous les jours, service de pionnier pendant les congés, etc. Même quand elle a eu de fortes migraines quasiment 24 heures sur 24, elle ne se détournait pas de son programme, convaincue que de tels sacrifices plaisent à Jéhovah et étaient indispensables à son maintien spirituel. Il y a quelques années, on lui a diagnostiqué la fibromyalgie. L'un des kinésithérapeutes qu'elle a consultés par la suite lui a fait gentiment fait cette réflexion : "Je soigne quatre femmes atteintes de ce mal incurable, toutes les quatre sont vos sœurs dans la foi." Récemment, nous sommes tombés sur une statistique selon laquelle il y aurait un taux supérieur à la moyenne nationale de dépressions et de fibromyalgies chez les Témoins de Jéhovah. A prendre avec toutes les réserves qui s'imposent bien sûr, étant donné que nous ne sommes pas toujours biens considérés dans les milieux médicaux, notamment en raison de notre position controversée sur les transfusions sanguines (dossier consultable ici).
Comme je le disais plus haut, certaines choses au cours du temps ne cessaient de m'interpeller dans nos croyances, nos argumentations et nos activités. Ainsi je me souviens, encore adolescent, avoir tiqué sur cette conclusion du livre "Comment Raisonner à partir des Ecritures", sous l'entrée "Croix" : "Ainsi, un faisceau de preuves indique que Jésus est mort sur un poteau dressé, et non sur la croix, comme le veut la tradition." "Un faisceau de preuves bien mince !" me disais-je… Soit deux définitions tronquées par des crochets qui pouvaient sans doute laisser la place à des acceptions différentes, une citation et une référence non citée toutes deux vieilles d'un siècle. Je songeais alors à toutes les peintures par centaines, toutes les statues par milliers, tous les livres religieux, toutes les représentations, tous les films qui devaient par conséquent véhiculer l'erreur la plus mensongère quant à la représentation du sacrifice du Christ. Voilà qu'en une vingtaine de lignes seulement on rasait tout cela.
Beaucoup plus tard, je m'intéressais à nouveau à ce thème et mes recherches me firent découvrir dans les sources mêmes toutes les parties qui avaient été remplacées (à dessein) par des crochets, mais aussi un détail inquiétant sur John Denham Parsons, obscur auteur du XIXe siècle cité dans le livre "comment Raisonner" : cet homme agnostique était membre d'une société de recherche sur le paranormal et son livre "The non-christian cross" n'était tout au plus qu'une thèse ! J'étais stupéfait. Je fis quelques recherches supplémentaires en confrontant toutes les explications de l'Organisation que je trouvais de prime abord persuasives en faveur d'un poteau de supplice, à des références historiques et encyclopédiques très nombreuses et consultables par tout un chacun sur Internet, dans des bibliothèques ou à la FNAC. Pas une explication ne résista à un examen honnête et approfondi.
Un jour ma mère me demanda de l'aider à retrouver un article sur des expériences médicales comparatives entre la mise au poteau et la mise en croix, article qui, croyait-elle, concluait à l'impossibilité que Jésus pût survivre à une crucifixion plus de trois heures. J'ai retrouvé un tel article, mais la conclusion est fort différente. Finalement, je finis par mettre le doigt sur la raison évidente et navrante (on ne la trouvera évidemment pas dans le livre "Proclamateurs" ni dans nos publications) pour laquelle le président Joseph Rutherford décida en 1936 que le sacrifice de Jésus avait dû s'opérer sur une croix. Mais soyez prévenus : Sur internet, vous risquez d'être également très surpris par ce que vous pourrez découvrir à propos de cet homme, décrit poliment sur le DVD "La foi en action" comme quelqu'un d'un tempérament "plutôt brusque" et qui "n'avait pas peur de blesser les frères".
Je décidai de vérifier les fondements de mes croyances, mais ce que je trouvais était généralement écrit sur un ton critique qui contrastait trop avec le ton "avenant" et paternaliste des écrits de la Watchtower. Si bien que j'éprouvais après chaque lecture un sentiment de culpabilité tenace. L'Organisation des Témoins semblait avoir raison de qualifier les écrits d'opposants (surnommés "apostats" selon l'interprétation qu'elle donne arbitrairement de certains textes bibliques) de poison spirituel pouvant avoir un impact destructeur sur la foi. Pourtant, j'avais réellement besoin de réponses. Ma curiosité et une sourde intuition revenaient sans cesse à la charge pour me pousser à continuer secrètement mes investigations.
C'est ainsi qu'en parcourant le site d'un certain Thierry, un Témoin de Jéhovah s'employant à décrédibiliser point par point les arguments d'apostats foisonnant sur internet, je tombai sur une critique d'un livre intitulé "Crise de Conscience" et écrit par un certain Raymond Franz, qui n'était autre qu'un ancien membre du Collège Central et neveu de l'ancien président de la Watchtower, Frederick Franz. Thierry avoue avoir essayé de lire des extraits traduits de l'anglais de cet ouvrage sous la pression d'un nombre croissant de lecteurs de son site, mais il n'alla pas très loin, car il y releva très vite ce qui lui semblait être une contradiction de sens. A cette objection, Raymond Franz apporta personnellement une réponse que Thierry s'empressa de ridiculiser (voir les documents ici).
Je trouvai cette répartie si insipide que cela me décilla les yeux sur une chose : ce Raymond Franz devait avoir des choses extrêmement intéressantes à partager dans son livre, non seulement parce qu'il avait été à la tête même de la Watchtower, le sacro-saint "Collège Central", mais aussi parce que, faute d'argument solide, Thierry avait été contraint de trouver un prétexte affligeant pour ne pas déroger à l'injonction de "ne toucher sous aucun prétexte au poison que les apostats veulent nous faire absorber" et "de fuir comme la peste ceux qui veulent nous tromper, nous égarer, nous faire dévier vers les voies de la mort." (w86 15/3 p. 20 § 18). C'était à mes yeux un indice probant que ce Thierry, tout comme moi, tout comme les autres Témoins, était mentalement et spirituellement assujetti à la Watchtower, victime consentante d'une manipulation à la fois subtile et puissante. Je remercie toutefois Thierry d'avoir osé porter cet échange sur son site, sans quoi il m'aurait fallu sans doute encore longtemps avant d'ouvrir complètement les yeux. Je découvris facilement les extraits du livre félon, "Crise de Conscience", mais également l'existence d'un 2ème tome "A la recherche de la liberté chrétienne".
M'étant procuré les deux livres au format électronique, je commençai ma lecture par un chapitre développant la question du sang, plus précisément les transfusions de sang interdites aux Témoins. Ce sujet préoccupait beaucoup ma femme, mais je ne lui fis part de mes découvertes qu'un peu plus tard. Je me sentais toujours coupable ne serait-ce que de détenir ces écrits, faut-il dire la puissante influence de la Watchtower sur mon esprit ! Il fallut le concours d'un ami Témoin de longue date pour me décider à lire entièrement les ouvrages de Franz. De retour d'une assemblée de circonscription, cet ami resta dîner avec nous, et dans le fil de la conversation je lui fis part prudemment et presque malgré moi de certaines idées troublantes sur la question du sang que j'avais relevées. Intrigué, il décida d'emporter sur sa clé USB les deux tomes lorsque je lui dis qu'ils étaient l'œuvre d'un ancien membre du Collège Central. Je ne s'avais trop à quoi m'attendre. Toute amitié cesserait-elle entre nous lorsqu'il aurait trempé son esprit dans ce "poison spirituel" ?
Le soir même, quelques heures après son retour chez lui, notre ami m'envoyait un courriel pour me dire combien il était fasciné par sa lecture du premier tome. Deux jours et deux nuits plus tard il avait fini de lire ses 500 pages ! Il m'écrivit :
"Vraiment cette lecture non seulement ne me perturbe nullement, mais grandit mon amour pour Jéhovah qui essaie de maintenir l'ordre avec 6000 ans d'imperfection humaine cumulés ! (…) Tout ça me rassure terriblement et me gonfle de joie, car aujourd'hui je peux voir qu'il existe des gens qui sont capables de dire NON à un outil parce qu'ils veulent dire OUI à celui qui l'a créé. Belle preuve de fidélité en vérité. Je le vis comme une véritable libération... Et en lisant le début de son autre livre je crois comprendre que je ne suis pas le seul. Tout ça renforce ma détermination à suivre Jéhovah et considérer son organisation comme un moyen utile de s'organiser pour le servir, mais en aucun cas comme une fin en soi. Et qu'il est avant tout important d'avoir ENVIE de faire plaisir à Jéhovah avec sa conscience plutôt qu'obéir froidement parce qu'on nous dit qu'on DOIT le faire ..."
En introduction de son deuxième livre frère Franz relate qu'il a reçu des milliers de lettres et d'appels téléphoniques des quatre coins du monde, des anciens, des béthélites, des pionniers à plein temps, des surveillants de circonscription, de district, de zone, des assistants, des missionnaires, tous lui ont exprimé leur reconnaissance de pouvoir enfin comprendre les causes cachées des problèmes qui existent et perdurent dans l'organisation. Ces renseignements, explique-t-il, avait eu pour résultat de les libérer d'un faux sentiment de culpabilité induit par le concept humain que Dieu ne peut approuver notre service que si celui-ci est administré, contrôlé et sanctionné par la Watchtower. A présent, ma femme et moi, ainsi que notre frère spirituel et ami, nous apprêtions à vivre la même expérience libératrice.
Du fait de la maladie incapacitante de ma femme, nous avions été absents à plusieurs de nos réunions hebdomadaires, et les rares Témoins qui prenaient de nos nouvelles ne manquaient généralement pas l'occasion de nous mettre en garde contre le risque de voir notre spiritualité s'affaiblir du fait de notre absence prolongée. Paradoxalement, c'est tout le contraire qui était en train de se produire. Aujourd'hui nous ressentons plus encore l'amour de Dieu dans nos vies. Nous lisons la Bible avec un sentiment inconnu, celui d'une paix profonde et d'une intimité véritable avec notre Père céleste, avec la sensation qu'elle nous parle vraiment, qu'elle se livre à nous personnellement. Comment est-ce possible ? N'est-ce pas étrange ? Alors que nous pourrions être perçus comme des braises éloignées de l'âtre, une flamme chaleureuse se diffuse pourtant dans nos cœurs. Qu'est-ce qui est en train de nous arriver ? Serions-nous envahis par ce sentiment d'autosatisfaction si souvent décrié par l'Organisation ? Non, au contraire même.
Avant d'en arriver là, nous sommes passés par une profonde remise en question de l'adoration que nous devons à notre Dieu. Nous avons réfléchi plus que jamais à nos mobiles profonds. Nous avons prié avec intensité et avec les mots simples de nos cœurs. Qu'avons-nous découvert dans cette introspection ? Des choses étonnantes, déconcertantes même. Nous avons pleuré comme des enfants perdus. Parce que nous ne pouvions pas croire ce que nous découvrions. Des évidences qui nous avaient échappé toutes ces années... Des réponses troublantes… Des vérités dérangeantes, mais aussi profondément libératrices. Aujourd'hui, nos cœurs ne peuvent contenir plus longtemps toutes ces choses. Nous nous sentons comme Jérémie, emplis d'un "feu brûlant, enfermé dans [nos] os" (Jérémie 20:9*). C'est la raison d'être de ce site. Si nous ne partagions pas ces choses avec vous, ami lecteur, nous éprouverions un sentiment de culpabilité plus grand encore que celui qui nous a habité si longtemps. Trop longtemps.
Souhaitez-vous vous livrer à cet examen individuel, sincèrement et l'esprit ouvert ? Vous trouverez sur ce site le fruit de nos modestes recherches présentées sous la forme de dossiers documentés par nos soins, avec le maximum d'objectivité dont nous sommes capables sur des sujets qui nous tiennent à cœur. N'ayez pas peur. Ce sentiment vous habitera certainement au début si vous êtes Témoin de Jéhovah depuis suffisamment longtemps. Mais il disparaitra au fur et à mesure que vous découvrirez, au-delà de tout ce qui vous a été caché, que notre Père céleste et son Fils vous aiment en tant que personne et non parce que vous appartenez à une religion ou à une organisation. Rappelez-vous qu' "il n’y a pas de crainte dans l’amour, mais l’amour parfait jette dehors la crainte, parce que la crainte est un frein" (1 Jean 4:18). N'oubliez pas que Jésus a donné sa vie pour des individus et non pour une institution (Galates 2:20). Dans la parabole du blé sursemé de mauvaise herbe, les moissonneurs reconnaissent-ils le blé mûr parce qu'il est circonscrit sur une parcelle ou qu'il porte une étiquette ? N'est-il pas plutôt reconnaissable aux épis présents sur chaque tige ? (Matthieu 13:24-30). N'oubliez pas que la vérité chrétienne n'est pas fragile au point de ne pas supporter la contradiction (Hébreux 12:3). Au contraire, elle est capable de renverser "des raisonnements et toute chose altière qui se dresse contre la connaissance de Dieu" (2 Corinthiens 10:5). Prenez votre temps. Allez au fond des choses. "Vérifiez toutes choses ; tenez ferme ce qui est excellent." - 1 Thessaloniciens 5:21
Thomas & Jennifer **
Le 18 octobre 2010
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(*) Sauf indication, les textes bibliques cités sont extraits de la "Traduction du Monde Nouveau" publiée par la Watchtower Bible and Tract Society.
(**) Par souci d'anonymat, et pour ne pas prendre le risque d'être malgré nous séparés de nos familles et amis pour les raisons évoquées dans cette lettre, nos prénoms ont été changés.