Doctrines > Apostasie
Un apostat dans la famille… Comment réagir ?
“ Si vous avez une autre opinion, Dieu vous éclairera à ce sujet.” - Philippiens 3:15, Bible en Français Courant
3) Le traitement de l'apostasie chez les Juifs
La nuit précédent sa mort, Jésus a mis en garde ses disciples concernant les abus de pouvoir dont se rendraient coupables les Pharisiens à leur encontre :
" Je vous ai dit ces choses pour que vous ne trébuchiez pas. On vous expulsera de la synagogue. Oui, l'heure vient où tout homme qui vous tuera pensera avoir offert un service sacré à Dieu. Mais ils feront ces choses parce qu'ils ne sont parvenus à connaître ni le Père ni moi. " (Jean 16:1-3)
Les synagogues étaient les lieux de culte officiels des adorateurs de Jéhovah. Mais sous peu les disciples de Jésus n'y seraient plus les bienvenus et en seraient expulsés. Cette menace était d'ores et déjà bien réelle, comme en témoigne le récit du jeune aveugle de naissance guéri par Jésus un jour de Sabbat, relaté en Jean chapitre neuf. L'opinion des Pharisiens sur Jésus est bien arrêtée : " Ce n'est pas un homme qui vient de Dieu, parce qu'il n'observe pas le sabbat. " (verset 16). Ils convoquent donc les parents du jeune homme pour tenter de trouver une explication à sa guérison qui puisse décrédibiliser la qualité de prophète de Jésus. Les parents évitent de se prononcer et suggèrent aux pharisiens d'interroger à nouveau leur fils. Pour quelle raison ? Considère ce commentaire de Jean :
" Ses parents dirent ces choses parce qu'ils avaient peur des Juifs, car les Juifs s'étaient déjà mis d'accord pour que, si quelqu'un le confessait comme Christ, il soit expulsé de la synagogue. Voilà pourquoi ses parents dirent : " Il a l'âge. Interrogez-le. "" (versets 22 et 23)
Le bannissement total de la synagogue était une sentence extrêmement grave et lourde de conséquences. Les synagogues avaient un système d'excommunication à trois degrés. Le premier était le châtiment du Nezifah, qui durait relativement peu de temps. La personne qui subissait cette peine se voyait privée de certains privilèges. Elle devait rester chez elle et faire profil bas. Le deuxième châtiment, le Niddui, était plus sévère : la personne fautive pouvait se rendre au temple, mais y était soumise à certaines restrictions, et tous exceptés son conjoint et ses enfants devaient rester à une distance de quatre coudées (environ 2 mètres) d'elle. Interdiction également de s'associer et de partager un repas avec elle. Elle ne pouvait ni enseigner, ni être enseignée en compagnie d'autrui, ni effectuer une transaction commerciale, sauf l'achat du strict minimum pour vivre. Toutefois, elle n'était pas totalement rejetée de la congrégation juive et pouvait la réintégrer si les rabbins estimaient que sa repentance était avérée. Enfin, il y avait le Chérèm, c'est-à-dire le retranchement définitif de la synagogue, qui impliquait le bannissement de la communauté juive, avec toutes les restrictions sociales que ce châtiment pouvait comporter. On comprend dès lors que les parents du jeune aveugle n'aient pas tenu tête aux dirigeants religieux. En raison de son courage, le jeune homme, lui, avoua sa foi en Jésus, en conséquence de quoi " ils le jetèrent dehors ", ou selon une autre traduction " ils le chassèrent de la synagogue ".
Sais-tu comment Dieu voit de telles pratiques ? Voici ce qu'il déclare par Isaïe :
" Entendez la parole de Jéhovah, vous qui tremblez à sa parole : " Vos frères qui vous haïssent, qui vous excluent à cause de mon nom, ont dit : ' Que Jéhovah soit glorifié ! ' Oui, il apparaîtra aussi avec joie chez vous, et ce sont eux qui seront couverts de honte. " " (Isaïe 66:5)
Le récit de Jean se poursuit ainsi :
" Jésus apprit qu'ils l'avaient jeté dehors et, lorsqu'il le trouva, il dit : " As-tu foi dans le Fils de l'homme ? " L'homme répondit : " Et qui est-il, monsieur, pour que j'aie foi en lui ? " Jésus lui dit : " Tu l'as vu ; d'ailleurs l'homme qui parle avec toi, c'est celui-là. " Alors il dit : " Oui, j'ai foi en lui, Seigneur. " " (Jean 9:35-38)
Jean nous apprend également que parmi les Pharisiens, quelques-uns manifestèrent leur foi en Jésus, de façon clandestine toutefois. Pour quelle raison ? Jean relate :
" Or, après ces choses, Joseph d'Arimathée, qui était un disciple de Jésus, mais en secret à cause de la peur qu'il avait des Juifs, demanda à Pilate la permission d'enlever le corps de Jésus ; et Pilate le lui permit. Il vint donc et enleva son corps. Nicodème, l'homme qui, la première fois, était venu vers lui de nuit, vint aussi, apportant un rouleau de myrrhe et d'aloès, environ cent livres. " (Jean 19:38-39)
Joseph était un membre honorable du Sanhedrin, le tribunal religieux juif, et Nicodème un pharisien respecté. La peur des Juifs évoquée par Jean était donc certainement liée aux sanctions qu'ils encourraient auprès des dirigeants religieux en affichant leur dissidence de pensée, en l'occurrence, leur foi en Jésus. La tradition rapporte que Nicodème devint disciple par la suite, fut chassé du Sanhédrin et de Jérusalem, avant de mourir en martyr.
Pourquoi toute cette répression ? Parce que les disciples de Jésus étaient considérés comme des apostats à la religion judaïque. Puisqu'ils " s'éloignaient ", pour reprendre l'idée fondamentale du mot hébreu traduit par apostasie, du système de pensée et de culte officiellement en vigueur, ils seraient expulsés des synagogues, haïs de leurs anciens coreligionnaires, salis dans leur réputation, et même tués.
La communauté chrétienne allait-elle reprendre en son sein des méthodes de dissuasion comparables ?
Que nous enseignent les Ecritures sous ce rapport ? Quel modèle sert aujourd'hui de référence à la Watchtower pour établir le protocole de discipline religieuse que les anciens doivent appliquer dans les congrégations ? Le système juif ou les manières d'agir des premiers chrétiens ?
4) L'apostasie moderne et son traitement
La Watchtower ne cache pas qu'elle mène une politique ferme contre ceux qu'elle considère comme des apostats. Non seulement les dissidents sont expulsés de l'organisation, mais tous les Témoins ont pour consigne de cesser toutes relations avec eux, ou de les maintenir au minimum vital dans le cadre familial. Leur passé de fidèle Témoin, aussi honorable et durable qu'il put être, est entaché et oublié. Ils sont regardés comme des parias qui sont tombés sous l'influence de Satan. Spirituellement, ils sont morts aux yeux de la congrégation et de leurs proches.
Une telle attitude est-elle bibliquement justifiée ?
C'est ce que soutiennent les dirigeants de la Watchtower depuis plusieurs années. Pourtant ils n'ont pas toujours défendu cette position, ce qui démontre que celle-ci provient davantage d'une interprétation scripturale qui a évolué avec le temps que d'un précepte fondamental propre au Christianisme. Ainsi, en 1920, on pouvait lire dans la Tour de Garde :
" Nous ne refuserions pas de traiter quelqu'un comme un frère parce qu'il ne croirait pas que la Société est le canal de communication du Seigneur. (...) Si d'autres voient les choses différemment, c'est leur privilège. Il doit y avoir une totale liberté de conscience ". Tour de Garde (Edition anglaise), 01/04/1920, p. 100, 101.
Mieux, dans un article de Réveillez-Vous! du 8 janvier 1947, édition anglaise, p. 27, qui s'emploie à dénoncer les origines païennes du procédé de l'excommunication, on lit ceci :
" L'excommunication hiérarchique, en tant que punition et remède " médical ", ne trouve aucun fondement dans ces versets. En fait, ceci est même étranger aux Écritures. (…) L'Encyclopédie Britannique dit que l'excommunication papale n'est pas sans influence païenne, " et ses variations ne peuvent être adéquatement explicitées sans faire référence à des excommunications non-chrétiennes analogues ". (…) Ce fut donc après que le catholicisme adopta cette pratique païenne, en 325 de notre ère, que ces nouveaux chapitres religieux de l'excommunication furent écrits. "
Un commentateur brosse la description suivante dans un exposé sur les pratiques de l'Eglise médiévale :
" L'excommunication punit tous ceux qui refusent de suivre les interdits de plus en plus nombreux. Aucun des témoins ne pourra oublier les écrasantes cérémonies au cours desquelles est lue la liste des damnés. Dans une atmosphère oppressante, le prélat lit lentement la liste d'une voix solennelle tandis que retentit le tocsin. Dès lors, l'excommunié est exclu de la société, plus personne ne le reçoit. Au village, on ne lui adresse plus la parole, tout travail lui est refusé. Misérable, il doit quitter son foyer pour rejoindre les bandes de vagabonds et de brigands qui hantent les campagnes. Hors de l'Église, point de salut ! " - http://pages.globetrotter.net/gtrudel/Medieval.htm
La connaissance de ce passé historique n'a malheureusement pas empêché la Société Watchtower d'adopter à son tour l'excommunion hiérarchique en tant que remède médical à l'encontre de ses dissidents, en s'appuyant sur les mêmes Ecritures dont elle a soutenu que ce concept leur est étranger. A bien y regarder, les hérétiques de l'Eglise Catholique ont bel et bien leur équivalent chez les Témoins de Jéhovah : on les appelle des apostats. Et si le bucher n'a plus cours, l'exclusion sociale et la mort spirituelle, telle est la sentence qui les attend. Le fait suivant est particulièrement éloquent à cet égard.
En novembre 1954, la Cour de Justice Ecossaise s'est réunie pour statuer sur le statut de "ministres ordonnés" sollicité par la Société Watchtower en vue de l'exemption du service militaire. Le vice-président de l'Organisation, Frederick Franz, le trésorier général, Grant Suiter, et le conseiller juridique de la Société, Hayden C. Covington, furent appelés à témoigner devant le Ministère du Travail et du Service National, au cours de l'affaire "Dough Walsh contre James Latham Clyde". Le conservateur du greffe d'Écosse a permis que soient mis à disposition du public les témoignages officiels extraits des registres de la Cour de Justice. L'extrait ci-dessous retranscrit l'échange entre un magistrat de la cour et Hayden C. Covington, à propos de la date de 1874 annoncée pour être la seconde venue du Christ. Il succède à la barre à Frederick Franz qui a reconnu précédemment que 'les Témoins furent obligés d'accepter cette erreur de calcul'.
LA COUR : Une fausse prophétie a-t-elle été promulguée ?
CONVINGTON : Je suis d'accord avec cela.
LA COUR : Cela a été accepté par tous les témoins de Jéhovah.
CONVINGTON : C'est juste.
LA COUR : Si un membre des Témoins de Jéhovah constate par lui-même que la prophétie n'est pas juste, sera-t-il exclu ?
CONVINGTON : Oui, s'il prétend cela, et persiste en créant des troubles, car si la totalité des frères croient en une même chose, même si elle est erronée, et si quelqu'un d'autre commence à propager ses propres idées à travers l'organisation, il y aura une désunion, et des troubles. L'organisation ne peut plus être alors en harmonie, et ça ne peut plus marcher. Quand un changement doit avoir lieu, il doit venir de la source appropriée, la tête de l'organisation, le collège central, mais en aucun cas du bas vers le haut, parce que chacun a ses propres idées, et si nous acceptions cela, l'organisation serait désintégrée et irait dans des milliers de directions. Notre but est de garder l'unité.
LA COUR : L'unité à tout prix ?
CONVINGTON : L'unité à tout prix, parce que nous croyons et sommes sûrs que Jéhovah Dieu utilise notre organisation, son collège central, et le dirige, même si des erreurs sont faites de temps en temps.
LA COUR : Même si cette unité est basée sur une acceptation forcée des fausses prophéties ?
CONVINGTON : Pour dire vrai, oui, je vous le concède.
LA COUR : Et la personne qui exprime son point de vue, et, comme vous le dites, dit que c'est un faux enseignement, sera-t-elle exclue, étant en infraction avec ses engagements si elle est baptisée ?
CONVINGTON : C'est juste.
LA COUR : Et comme vous le disiez hier expressément, condamnée à mort ?
CONVINGTON : Je pense…
LA COUR : Pourriez-vous préciser oui ou non ?
CONVINGTON : Je répondrai oui sans hésitation.
LA COUR : Vous appelez cela une religion ?
CONVINGTON : Certainement.
LA COUR : Appelez-vous cela le christianisme ?
CONVINGTON : Certainement.
En voulant préserver une " unité à tout prix ", la Watchtower voit donc comme une nécessité l'excommunication de quiconque n'accepte pas un enseignement présenté comme la vérité du moment. Cependant, elle attend une grande clémence et une confiance absolue des Témoins vis-à-vis des révisions auxquelles a dû procéder. Individuellement, les Témoins sont donc obligés d'adhérer pleinement à tout ce qui vient " de la tête ", y compris à de faux enseignements, sous peine de ne pas être jugés dignes de la vie éternelle par Dieu. En revanche, ses dirigeants revendiquent la jouissance d'une " immunité spirituelle " qui leur permet non seulement de publier et d'enseigner des erreurs jugées fortuites, mais également de prononcer le retranchement éternel de ceux qui oseraient les dévoiler. En définitive, cette politique fait apparaître un Dieu très contrarié envers tous ceux qui prennent à cœur ce conseil biblique : " Vérifiez toutes choses ; tenez ferme ce qui est excellent. " (1 Thessaloniciens 5:21).
Personnellement, comment répondrais-tu à cette exhortation de Paul :
" Mais pourquoi juges-tu ton frère ? Ou bien pourquoi méprises-tu ton frère ? Tous, en effet, nous comparaîtrons devant le tribunal de Dieu ; car il est écrit : " Aussi vrai que je vis, dit Jéhovah, devant moi tout genou pliera, et toute langue reconnaîtra Dieu ouvertement. " Ainsi donc, chacun de nous rendra compte à Dieu pour soi-même. " (Romains 14:10-12)
Crois-tu que le jugement appartient effectivement à Dieu et que chacun rendra compte pour soi-même ? T'estimes-tu maître de ta foi et de ta relation avec Dieu ? Les apôtres Paul, Pierre, Jacques et Jean ont plusieurs fois jugé nécessaire de rappeler la responsabilité individuelle qui incombe à chaque chrétien à cet égard :
" Non que nous dominions sur votre foi, mais nous sommes des compagnons de travail pour votre joie, car c'est par votre foi que vous êtes debout. " - 2 Corinthiens 1:24
" Est-ce que je cherche à plaire à des hommes ? Si je plaisais encore à des hommes, je ne serais pas l'esclave de Christ. " - Galates 1:10
" Tout ce que vous faites, travaillez-y de toute votre âme, comme pour Jéhovah et non pour les hommes, car vous savez que c'est de Jéhovah que vous recevrez la juste récompense de l'héritage. Travaillez comme des esclaves pour le Maître, Christ. " - Colossiens 3:23-24
" Soyez comme des hommes libres, et pourtant possédant votre liberté, non pas comme un voile pour couvrir la méchanceté, mais comme des esclaves de Dieu. " - 1 Pierre 2:16
" Continuez de parler ainsi et continuez d'agir ainsi, en hommes qui vont être jugés par la loi d'un peuple libre. " - Jacques 2:12
" Bien-aimés, si notre cœur ne nous condamne pas, nous avons de la franchise envers Dieu ; et tout ce que nous demandons, nous le recevons de lui, parce que nous observons ses commandements et faisons les choses qui sont agréables à ses yeux. Oui, voici son commandement : que nous ayons foi dans le nom de son Fils Jésus Christ et que nous nous aimions les uns les autres, tout comme il nous en a donné le commandement. " - 1 Jean 3:20-23
" Ne rejetez donc pas votre franchise, laquelle obtient une grande récompense. " - Hébreux 10:35
" Mais que Dieu soit trouvé véridique, même si tout homme est trouvé menteur, comme c'est écrit : " Pour que tu te révèles juste dans tes paroles et que tu sois victorieux lorsqu'on te juge. " - Romains 3:4